« En nous l'homme de tous les temps. En nous tous les hommes. En nous l'animal, le végétal, le minéral. L'homme n'est pas seulement l'homme, il est l'univers. »
Aimé Césaire
Les premiers souvenirs fondateurs de ma vie se situent dans les jardins de ma famille qui habitaient à la campagne. Les jardins potagers ou d'agrément, les vergers avaient une grande importance pour tout le monde, mais pour nous les enfants, c'était un lieu de retrouvailles, de jeux souvent réinventés, de senteurs, de cueillettes, de rêverie, de liberté loin du regard des adultes.
J'adorais aussi me retrouver secrètement sous les arbres, pour y composer de mini- installations avec différents éléments ramassés autour de moi, ou y confectionner des vêtements à l'aide de feuilles cueillies et cousues, ainsi me fondre dans ces éléments.
Longtemps après je crée mon propre jardin qui me relie à ces précieux souvenirs d'enfance. Se côtoient aujourd'hui arbres fruitiers, légumes, fleurs et autres végétaux. Construction en perpétuelle évolution au gré du temps, du vent, des saisons et de ma vie. Peu à peu des liens se tissent entre le dedans et le dehors jusqu'à ce que mon jardin devienne le thème favori de mes recherches artistiques.
Ce jardin, lieu d'ancrage et d'éphémère, d'abondance et de sobriété me relie à l'univers.
Françoise Bonnet
février 2017
Dessiner, peindre et graver me font vivre, debout, éveillée et attentive au monde qui tisse mon quotidien.
En sarclant dans le jardin, je recueille ce que les saisons me donnent: fossiles et galets.
Sur la colline, je glane des bois sculptés par les vers.
Plus rarement, en marchant sur les plages de mon enfance, au moyen de la photographie, je fixe les empreintes laissées par l’océan sur le sable.
Ces paysages minuscules, intimes, à peine visibles, alimentent rêveries et créations.
Puis, sur des plaques de bois, de lino, de carton, de zinc, je gratte, je griffe, je creuse la matière afin d’obtenir ces estampes.
Elles sont les traces de ma contemplation.
Françoise Bonnet
2011